La psychomotricité au centre de la constellation thérapeutique : travail en équipe et croisée des langages.

Réunion du 21 octobre 2010

Je ne détaillerai pas ici le contenu de chaque intervention, certaines feront l’objet d’une publication dans la revue « évolution psychomotrice ».

Ma présentation (du 21 octobre) s’est déroulée selon le plan suivant :

I) Recommandations gouvernementales et évolution du métier de psychomotricien

II) Résumé de certaines interventions décrivant des pratiques professionnelles

III) Importance de « prouver » ce que l’on fait en psychomotricité, démarche de recherche…. Je développerais ici les grands axes, les « tendances » et m’étendrait un peu plus sur les recommandations gouvernementales (consultables par internet).

I. EVOLUTION DU « METIER » ET RECOMMANDATIONS GOUVERNEMENTALES

M.Hermant a ouvert le colloque en nous exposant les dernières avancées concernant le métier de psychomotricien.

Tout d’abord c’est un métier qui se développe et tant à se développer dans le domaine de la gériatrie.

En lien avec le plan Alzheimer (2008-2012) des postes d’ergothérapeutes et de psychomotriciens vont se créer. Ces métiers sont jugés indispensables dans la prise en charge de cette maladie. Dans le plan Alzheimer (édité par l’HAS), est inscrit le développement de la psychomotricité et de l’ergothérapie notamment au domicile des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. 10 séances de psychomotricité sont remboursées par la sécu dans ce cadre (intervention d’un psychomotricien en libéral, au domicile du patient, sur prescription médicale).

Un budget de recherche a été débloqué de 250 000 euros pour évaluer la pertinence d’une prise en charge en relaxation des familles de malades atteints par la maladie d’Alzheimer.

Par ailleurs Mme Bachelot parle de former 1000 psychomotriciens par an (actuellement 400 psychomotriciens sont formés chaque année), notamment dans le but de développer des postes auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

En complément voici un extrait que l’on peu trouver sur le site internet gouvernemental sur le plan Alzheimer :http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/mesure-no20.html

« mise à disposition de personnels spécialisés dans les métiers de la réhabilitation cognitive et comportementale :

  • La formation initiale des ergothérapeutes et des psychomotriciens intégrera un module de formation axé sur les neurosciences et la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.
  • Les objectifs d’amélioration de la prise en charge des malades conduisent à prévoir la formation initiale de 2000 professionnels psychomotriciens et ergothérapeutes supplémentaires : cette programmation devra faire l’objet d’une concertation avec l’Association des Régions de France dans le cadre du plan Métiers. Ces personnels nouveaux interviendront en établissements, SSR, SSIAD. »

Autre champ d’application de la psychomotricité à développer : les séances de psychomotricité en entreprise : pour faire baisser le niveau de stress au travail…

Les plans autisme, le décret « petite enfance » ont aussi été évoqué.

Les DE paramédicaux vont tous obtenir le grade de licence, double reconnaissance : universitaire et professionnelle. Ceci ouvre à la reconnaissance d’un grade de master spécifique pour étudiants sortants en 2013.

Attention d’être bien vigilants à nos champs de compétence par rapport à des nouvelles thérapeutiques ou d’autres métiers paramédicaux. D »où l’importance d’être représenté et de siéger dans les instances décisionnaires (nombreuses réunions actuellement à l’ARS, au ministère de la santé…).

La communication internationale est à développer au sein de notre profession.

Monsieur LE MONIER nous a fait part de l’avancée des travaux sur la réingénierie du DE de psychomotricien.

Nous sommes sur une logique de compétence : décrire les métiers, les activités. Elaborer la formation et donc définir les compétences requises… Parcours de formation avec un parcours initial et la validation des acquis par l’expérience (VAE).

Le référentiel d’activité est terminé actuellement, validé par le groupe de travail (constitué des syndicats de psychomotriciens, des syndicats généralistes et de médecins), et le ministère de la santé, c’est le référentiel des savoir-faire. Le référentiel de compétences est en cours d’élaboration, prévision de parution au J.O en 2011.

Ces référentiels vont remanier la profession et nos manières de fonctionner, de nouvelles compétences apparaissent.

Référentiel de compétence en cours d’élaboration :

  • 1. Recueil de donnés, évaluation : diagnostic psychomoteur.
  • 2. Interventions et soins en psychomotricité : guidance, intégration sensorielle, technique de sport adapté, technique d’éducation gestuelle, remédiation cognitive etc…
  • 3. Organisation et coordination liée à l’évaluation, au suivi du sujet : travail pluridisciplinaire.
  • 4. Info, conseil, éducation, prévention et expertise.. : dépistage, prévention, éducation thérapeutique, gestes et postures, souffrance au travail, entraînement à l’effort…
  • 5. Gestion des ressources : choisir, commander, vérifier le matériel. gérer du personnel, hygiène et sécurité, comptabilité libérale.
  • 6. Veille professionnelle et formation tout au long de la vie (lecture critique, méthodo…)
  • 7. Réalisation d’études et de recherche : carence en publications scientifiques actuellement
  • 8. Encadrement, information et formation des professionnels et futurs professionnels : préparer un cours, démontrer une pratique, noter, accueillir un stagiaire, encadrer…

M. PITTERI a exposé les recommandations de l’HAS en matière d’intervention du psychomotricien dans la prise en charge des patients Alzheimer. 40 équipes pilotes composées d’AS, AMP, psychomotriciens et ergothérapeutes sont constituées au sein des SIAD ou services polyvalents à domicile.

Il est urgent que les psychomotriciens fassent des écrits de recherche, reconnus comme haut niveau de preuve.

Je ne détaillerais pas ici tous les objectifs que cous pourrez retrouver sur :

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-03/alzheimer_-_actes_dergotherapie_et_de_psychomotricite_-_document_dinformation_2010-03-25_12-06-15_255.pdf

L’exercice professionnel des psychomotriciens se trouve élargi au champ de la réadaptation avec de nouveaux actes :

  • Outils substitutifs (prothèse mentale)
  • Traitement de la douleur
  • Aide aux aidants ++++
  • Education thérapeutique

10 à 12 actes de psychomotricité sont remboursés par la sécu dans ce cadre. Voir catalogue des actes : www.has-sante.fr et taper psychomotricien dans le moteur de recherche. (cf lien précédent).

II. « PROUVER » CE QUE L’ON FAIT :

Application de protocoles de prise en charge : intérêts et limites, groupe animé par Mme Malta Abizeide (Liban)

L’avenir de la psychomotricité au Liban est tributaire des « preuves « à fournir de l’efficacité de ce travail. C’est penser notre « rééducation » en expliquant ce que l’on fait. Actuellement on manque de publications scientifiques.

Mise en place de protocole de prise en charge :

• Enoncé du problème : s’appuie sur le bilan psychomoteur • Recueil des bases théoriques (cf littérature, études déjà effectuées) • Plan du protocole : description du contenu des séances, progression des exercices, organisations dans le temps (durée du protocole, durée de la séance, fréquence) • Récolte des observations • Analyser et interpréter les données : évaluer l’efficacité du « travail »

Plusieurs types de protocoles existent : protocole à cas unique, protocole de groupe, protocole expérimental, protocole pré-expérimental.

Le protocole le plus utilisé est celui à cas unique :

A : Evaluation, B : protocole de 10-15 séances A Evaluation

Intérêts :

  • Elaborer de nouvelles techniques visant à diminuer les troubles
  • Mettre en place des moyens spécifiques
  • Elargir le choix au niveau des stratégies de travail
  • Revoir l’originalité et la nouveauté des techniques
  • Maîtriser la méthodologie
  • Expliciter et décrire les techniques pour les rendre reproductibles

Limites :

  • Risque que ça entraîne de la rigidité, un protocole rigide sera inadapté
  • La créativité peut être brimée
  • Problème de l’utilisation effective de ces techniques par des psychomotriciens

Evaluation de la pratique professionnelle (EPP) :

Intérêts :

  • Evaluer les prises en charge
  • Percevoir en un laps de temps limité l’efficacité ou non d’un protocole, réajustement
  • Réduire les prises en charge trop longues

Limites :

  • Variables quantitatives, qualitatives
  • Grilles d’observations personnelles. Problème du test-retest, problème de l’apprentissage du test. Pour éviter ce biais prendre le plus souvent possible des évaluations standardisées, fiables.
  • Problème d’introduire une variable à la fois, ça « saucissonne » la prise en soin.
  • Intérêt de faire un post-test pour s’assurer que la notion soit intégrée sur la durée.

Dans le domaine de la recherche :

Intérêt :

  • Réfléchir sa pratique
  • Etude avec un nombre faible de patients

Limite : approfondissement à faire avant la généralisation des données.

Exemples.

M. BOURGER (psychomotricien et cadre de santé) a exposé le lien entre ses deux « casquettes. » A propos des EPP(évaluation des pratiques professionnelles, dispositif émanant de l’HAS) : les psychomotriciens ont du mal à s’intégrer dans cette démarche institutionnelle mais ça permet d’asseoir sa pratique, sa clinique et de la définir.

Linda BENATTAR (directrice médicale de l’ORPEA) a évoqué l’intérêt de la psychomotricité en gériatrie, dans les EHPAD, afin notamment de redonner l’ « envie d’avoir envie », dynamiser les équipes etc.… Elle insiste également sur le fait de faire un « tableau » de bord des suivis, activités proposées par le psychomotriciens afin de le tracer dans la grille pathos, pour le faire valoir auprès des autorités et obtenir du temps de psychomotricité ensuite.

Julia Berger, le 18 octobre 2010.